Le travailleur de la pierre peut évaluer son travail de multiples façons. A la vue il peut repérer les aspérités de la pierre, tout comme au toucher il peut les deviner du bout de ses doigts. Le son du burin qui accroche la roche peut être un indice sur le bon angle du labeur, tout comme l’odeur de la pierre peut laisser en deviner sa nature. Et enfin de par sa bouche jaillira la parole qui grâce à la communication permettra une évaluation commune avec ses frères travailleurs.
Car c’est bien à travers un ensemble de perceptions communes à tous que l’humain peut appréhender son monde :
LES CINQ SENS
Dans leur version classique donc, à savoir la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher.
L’encyclopédie dit que les sens sont les instruments de la perception, c’est-à-dire le lien qui relie l’organisme au monde extérieur et qui lui permet de reconnaître, grâce à l’interprétation donnée par la pensée et la connaissance, les informations qui, parmi l’ensemble de celles lui parvenant, pourraient lui être utiles.
Les sens sont donc notre interface qui nous permettent d’appréhender la réalité. Chaque sens va nous permettre de percevoir une facette du réel. Il est intéressant de noter à ce niveau de lecture que le mot sens désigne aussi une direction, une orientation. En effet la racine étymologique commune est l’indo européen sent- qui signifie aller de l’avant. On pourrait facilement relier tout cela dans le sens (évidemment) ou les sens physiques sont unidirectionnels. Je ressens quelque chose, j’obtiens une information qui vient à moi mais sur laquelle je n’agis pas…
Mais est-ce bien vrai ? N’avons nous pas là une erreur possible, un biais basé sur le fait que le réel est réel et immuable.
Je regarde une rose. Ses pétales sont doux, sa couleur rouge et son odeur enivrante. A la différence des affinités de chacun, nous serons tous d’accord et un consensus est formé entre tous les humains. Cette fleur est rouge et sent bon.
Mais des disparités peuvent arriver qui seront à la base des différences biologiques. Surdité, cécité, daltonisme, ces handicaps privent ou modifient les sens de personnes qui ont par conséquence une appréhension différente de la réalité. Ils vivent par conséquent dans une réalité différente de la notre de par leurs sens altérés ou manquants.
Et comment expliquer les couleurs à un aveugle de naissance ? Comment expliquer la musique à un sourd ? Leur monde est ainsi différent du notre bien qu’étant sur le même plan. Ainsi nous comprenons que pour un même monde physique la perception, ou la quantité de perception que nous avons de la réalité détermine la réalité perçue et finalement la réalité tout court.
Il est une question que je me pose souvent et de plus en plus au fur et à mesure que mon esprit s’est ouvert aux sphères et à la Lumière. Certes, entre gens ayant les même sens fonctionnels, nous voyons tous la même rose. Nous sommes d’accord sur la couleur, l’odeur, le toucher.
Mais le rouge que je vois est-il le même rouge que voit ma S:. ou mon F:. ? D’un point de vue biologique un sens est un capteur qui prend une information puis l’amène au cerveau qui l’interprète en image, son, odeur, goût ou texture. Il a fallu l’intervention de l’apprentissage pour que l’on me dise que cette lumière que mon capteur optique détecte s’appelle rouge.
Les sens, donc, au-delà de leur principe intrinsèque d’interface avec le réel, sont avant tout une construction sociale, un assemblage de définitions partagées entre tous. Ce réel que nous décrivons n’existe que parce qu’il est écrit par nous tous.
Et c’est là la première leçon que je retrouve à travers cette planche. La réalité est un consensus. Seul, le réel n’est pas car je ne peux le définir. Afin de créer la réalité il me faut l’aide de mes S:.S:. et F:.F:. qui vont m’aider à créer le réel en le définissant ensemble, à travers les instructions que nous tenons de nos prédécesseurs.
Creusons encore ensemble dans le fonctionnement de ces sens. La lumière qui transporte la couleur est une onde, tout comme le son. Le goût et l’odorat viennent de molécules captées chimiquement. Le toucher provient du contact avec la matière et l’arrangement des molécules. Or les molécules ne sont que des assemblages de potentiels énergétiques. Les sens sont donc énergétiques. Je capte l’énergie, la Lumière à travers cinq filtres. Mais le tout est assimilé puis traité par le cerveau. Mon intellect définit ce que je ressens. Et l’on retrouve ici une symbolique de l’étoile flamboyante. Les cinq branches étant les cinq facettes de la lumière qui viennent en moi et repartent de moi, l’intelligence au milieu pour gérer et assimiler.
Deuxième leçon : je ne ressens rien, je ne fais à travers mon intellect qu’une construction mentale suivant l’énergie et donc la Lumière que je veux bien percevoir, et que par consensus nous appelons réel.
Je perçois ce que je veux bien percevoir, de la manière dont j’ai choisi. Par apprentissage, par expérience, par biais aussi. Si je ne ressens pas tout ou juste d’une certaine manière, cela ne veut pas dire que cela EST ainsi, mais que je le perçois ainsi. Et si cela est valable pour le réel, cela est donc valable dans les relations avec lui, avec les autres.
Ma perception du réel est ainsi faussée par nature. Car elle est sujette à ce que j’en fais. A moi donc de travailler dessus pour l’élargir, pour changer cette vue.
Et je parle par expérience. L’interprétation des choses peut amener à créer un réel qui n’est pas.
J’ai un intellect suractif. Il ne s’arrête jamais. On me nomme Zèbre, Haut Potentiel, surdoué. Souvent je suis plus un boulet pour moi même. Mon cerveau absorbe les stimulis extérieurs et les traite ex-nihilo, échafaudant des théories et des fatalités. Lancez-moi une remarque critique, je vous en fait un roman de 300 pages vous amenant à la fin du monde et à ma lapidation au piloris.
Mais ceci existe pour moi, c’est devenu réel sans preuve de l’inverse et cela va influencer mes relations avec les autres. Non pas de la paranoïa mais ce sentiment permanent d’infériorité. Et chacun de mes sens va capter des choses et les filtrer dans ce sens. Ma définition de la réalité va aller dans le sens que j’ai choisi. Et non dans le sens que l’on veut me transmettre.
Car voici la leçon primordiale, il faut savoir donner du sens à ses sens. Se créer une réalité orientée vers la Lumière et non vers les ténèbres. Car nos sens nous feront toujours aller de l’avant sur l’autoroute du destin que nous avons choisi. Alors je décide de donner un grand coup de volant et de prendre la sortie vers la route de la joie et du bonheur et de sentir le bon dans les choses plutôt que de voir le malheur. Car ainsi je construirai les murs de mon temple sur des bases lumineuses.
Mais je n’ai pas fini !
Les sens ont encore des choses à nous dévoiler. Ou plutôt à nous cacher. Car par extension à ce que je viens de dire, si mes sens permettent de définir la réalité, ils définissent par voie de fait l’irréalité. Les limites de ce que je sens définissent ce que je ne sens pas.
On en revient à un grand principe à ne pas oublier : la lumière définit l’ombre et inversement. A travers la barrière que mon intelligence, nommé 6e sens chez certains philosophes, a posé entre les deux sphères, je définis ces sphères elle même.
L’univers existe, que je le veuille ou non. Il est là, présent. Ce 6e sens intellectuel dit aux 5 premiers sens que la sphère matérielle s’arrête au bout des doigts et que le reste est relégué à un 7e sens dit intuitif, souvent appelé 6e sens dans le langage commun.
Le physique et le métaphysique sont donc deux domaines dont la frontière est définie en moi même. Et une nouvelle fois, c’est à travers l’apprentissage auprès de mes pairs que je peux modifier cette frontière, la rendre perméable et qui sait, peut être l’abolir.
Et c’est en cela un travail du Compagnon. Après avoir vu la lumière et appris à utiliser ses outils en tant qu’apprenti, il va pouvoir parcourir le monde et confronter sa vision, sa sensibilité du réel auprès de tous ses S:.S:. et F:.F:. pour modifier sa sensibilité. Car il ne faut oublier qu’au milieu des 5 sens, de ces 5 branches de l’étoile, se trouve la réponse pour évoluer.
Et en cela je me réfère aussi aux egyptiens. Car comme mon F:.F:; Nicolas nous l’a rappelé, l’oeil d’horus dans lequel se retrouvent les 5 sens, laisse une partie de la fraction, le centre de l’oeil, hors de cette perception. L’univers et la Lumière sont hors des sens. Car ils sont immuables et éternels.
Je finirai ce travail sur une ouverture vers un autre niveau, une leçon bonus que cet exercice m’a amenée. La définition des 5 sens est mise à mal par les scientifiques depuis plusieurs années et le consensus semble évoluer. En sus des 5 sens dits externes, 4 sens dits internes apparaissent comme complémentaires :
- La thermoception, pour percevoir le chaud et le froid
- La nociception, pour ressentir la douleur
- La proprioception, la capacité à localiser nos propres membres
- L’equilibrioception, le sens de l’équilibre
Cela mènerait le nombre de sens à 9, chiffre parfait. L’humain parfait est donc l’être qui non seulement sait définir sa réalité mais sait aussi se définir par ses sens internes. Je ne serai parfait que quand je saurai gérer la façon dont j’appréhende la réalité mais aussi comment je me positionne par rapport à elle.
Et donc pour trouver la Lumière, il me faut non seulement savoir le chemin que j’emprunte, mais aussi où je suis sur ce chemin, voire même devenir le chemin. En plus de vivre mes sens, il faut donc que je donne un sens à ma vie.