Les deux sphères

Dans cette lente et passionnante aventure qu’est la construction de mon temple intérieur par l’élévation personnelle, il est un leitmotiv permanent, une quête sous-jacente de la compréhension de ma propre psyché et de ses contradictions.

Cette quête est celle de l’appropriation du deux. Et c’est pour cela que je remercie mon F.: 1er Sur.: de me permettre ce jour de vous présenter une approche personnelle des deux sphères.

Les deux sphères sont en effet un élément de symbole très fort dans le passage au degré de C.: mais il est fugace. Nous ne les rencontrons que durant l’augmentation de salaire, pendant le 5e voyage. Les voici telles que décrites dans le rituel :

“En passant devant le Plateau du Trésorier, l’Expert montre la Sphère Terrestre; et devant le Plateau de l’Hospitalier, il montre la Sphère Céleste.”

Comme je le disais, l’aperçu est fugace. Mais l’impression est prégnante. Pourquoi ces sphères ? Pourquoi à ces emplacements ?

La définition générale de la sphère céleste est la suivante :

“La sphère céleste est la notion d’astronomie sphérique telle qu’elle se présente immédiatement aux yeux d’un observateur isolé. Incapable de déterminer les distances qui le séparent des astres, il imagine qu’ils sont situés sur la surface d’une sphère.

C’est une sphère imaginaire, de rayon arbitraire et dont le centre est l’origine du système de coordonnées célestes de référence considéré. Les positions des objets célestes ainsi que, le cas échéant, leurs trajectoires apparentes dans le ciel, sont marquées sur la surface interne (concave) de la sphère.“

Le centre de cette sphère céleste peut être la sphère terrestre comme le pensaient les grecs, avec différents niveaux de sphères concentriques.

La sphère céleste et tout ce qu’elle contient étant l’éther, supposé solide.

L’héliocentrisme et les sciences modernes ont ramené le soleil au centre de la sphère céleste et repoussé les limites de l’univers vers l’infini mais la notion de sphère observable reste encore présente. Nous ne pouvons voir qu’à une distance limitée par le voyage de la lumière, formant une sphère dont nous sommes le centre.

Au contraire, la sphère terrestre, non seulement représente notre planète mais est surtout vue de loin. Quand on la regarde nous ne sommes plus sur Terre, Nous sommes au-dessus. Nous sommes élevés.

Dans les deux cas, nous avons donc un point de vue d’observateur. Observateur attentif du monde spirituel avec la sphère céleste et du monde matériel avec la sphère terrestre.

La sphère céleste est placée en bout de colonne du Septentrion. Colonne des apprentis. Et la sphère terrestre est en bout de la colonne du Sud, colonne de ceux qui sont aptes à recevoir la pleine lumière de la connaissance.

Alors pourquoi donc une représentation du monde spirituel du côté de ceux qui quittent à peine le monde profane, et ne sont même pas présents au Second Degré ? Et pourquoi une représentation du monde matériel en miroir de l’autre côté ?

Pour comprendre ce qui est, il faut aussi voir ce qui n’est pas. Que manque t-il à ce tableau pour compléter l’univers dans son entier ? Il manque le Soleil, la Lune et l’ėtoile flamboyante, qui sont à l’Orient.

Et voici donc une compréhension possible de ces deux sphères. Bien que dévoilées au Compagnon dans son voyage, c’est pour lui rappeler qu’elles sont toujours là. Depuis le début, mais invisibles à celui qui ne voit pas encore.

Lorsque les F.:M.: de la loge sont orientés durant leurs travaux, les sphères sont là pour leur rappeler quelque chose. Rappeler aux apprentis de la colonne du Nord que quand on regarde l’Orient c’est parce qu’on vise l’élévation spirituelle, que l’on regarde le ciel pour mieux tenter de comprendre qui nous sommes.

Et inversement, pour les F.:F.: et S.:S.: de la colonne du Sud, déjà installés dans le monde spirituel, la Sphère terrestre leur rappelle que l’élévation permet aussi de mieux comprendre le matériel, qu’il faut le garder pour s’y ancrer sous peine de se perdre.

Et le tout, Nord et Sud, forme un ensemble cohérent et équilibré, orienté, avec un but commun.

Mais ce n’est pas tout !

Le positionnement de ces deux sphères expliqué, il existe encore un niveau de lecture.

Je parlais tout à l’heure des différentes sphères concentriques qui partent de la sphère terrestre pour arriver à la sphère céleste. Le F.:M.: est donc une personne qui va être entre le terrestre et le spirituel qui va faire le lien entre les deux. Et quel endroit est le plus propice pour être entre ces deux mondes si ce n’est celui où je me tiens en ce moment même ? Entre les colonnes et orienté. J’exprime mon verbe en liant mon côté terrestre et mon côté céleste. Je m’élève un peu plus à chaque fois que je viens ici faire ce voyage pour vous porter le fruit de mon travail.

Et cela fait complètement écho à une des problématiques de dualité que je vis. Cette impression d’être à ma place nulle part, ni totalement heureux dans le matériel, ni totalement heureux dans le spirituel, l’arrière train entre deux chaises.

Je ressens comme un manque de prise de position. Je connais des gens très cartésiens et d’autres très spirituels et ils ont une identité forte, reconnaissable. Et je les envie car je ne me reconnais aucune identité. Suis-je terrestre ? Suis-je céleste ?

Alors qu’elle est là sous mes yeux depuis le début. Cette identité perdue. Non je ne suis pas totalement terrestre. Non je ne suis pas totalement céleste. Je suis entre les deux, un voyageur capable de s’adapter, non par manque de prise de décision, mais au contraire en pleine conscience de cette possibilité. J’appartiens aux deux royaumes et je peux faire le lien entre les deux. Non seulement pour me ressourcer sur une énergie ou sur l’autre, mais aussi pour aider ceux qui veulent aller d’un côté à l’autre.

Prenant conscience que les deux sphères sont en moi et que je les utilise tel un ambidextre ses deux mains, j’acquiesce donc par la même ma situation de Compagnon voyageur.

Car là où je suis le mieux c’est ici, entre les deux colonnes, entre les deux royaumes, tant que je ne perds pas de vue une chose : le soleil, la lune et mon étoile flamboyante à l’Orient.