“Donnez-moi un point d’appui, et un levier, je soulèverai le monde”.
C’est sur cette citation du supposé F:. Archimède que je commencerai cette planche tant cette maxime contient à elle seule le résumé de tout ce qu’il y a à savoir avec le levier. Tant au point de vue opératif que spéculatif, le levier est décrit comme un outil qui démultiplie l’énergie. Et il est donc logique que d’un point de vue purement théorique, un levier infini puisse résulter en une énergie infinie.
A l’époque des anciens sables de Memphis, le levier était un simple bâton de bois, utilisé afin de soulever les blocs de pierre que les ouvriers souhaitaient déplacer. La mécanique du levier est des plus simples. Basculant autour d’un point d’appui, une force exercée à une extrémité est répliquée à l’autre extrémité avec un multiplicateur de force égal au rapport des longueurs des deux bras de levier entre le point d’appui et chaque extrémité.
Pour résumer, plus le point d’appui est proche de la pierre, plus le levier est grand et plus l’opérateur pourra décupler sa force à l’aide du levier, faisant de la force d’un homme celle de 10 ou 20. Un levier infini pourrait donc soulever une masse infinie. Sauf que le levier étant de bois, à un moment donné il casse.
Il est intéressant de voir que le terme de levier en égyptien ancien s’écrivait [sTs], signifiant d’une part bâton mais aussi le verbe soulever et le terme nuages. Et qu’avec l’addition de [w] nous obtenons [sTsw] qui signifiait louanges et élévation. Sur cette découverte éthérée, élevons nous alors pour partir dans le domaine cosmique et rejoindre le pendant spéculatif du levier.
Dans la symbolique maçonnique, le levier est un outil de l’apprenti. Associé au chiffre trois, nous venons de voir qu’il est effectivement ternaire. Seul, le levier n’est qu’un bâton il est inerte. Il faut un point d’appui autour duquel basculer, un point d’impact qui va recevoir les forces et un point de pression qui va exercer les forces. Et nous le répétons encore une fois de plus lors du passage au degré de compagnon.
D – Quels sont les Outils de l’Apprenti ?
R – LE CISEAU, LE MAILLET ET LE LEVIER.
D – Que figurent-ils ?
R – Le Ciseau représente le discernement dans l’investigation. Le
Maillet, la volonté dans l’application.
Le Levier, l’intelligence humaine qui a su multiplier l’énergie.
Mais le levier, je viens de le dire, est inerte par lui même. Ce n’est qu’à travers le travail, la force qu’amène l’apprenti dans son travail que le levier pourra lui servir afin de démultiplier ses connaissances afin de s’élever. Car il est bien question de cela ici. Le levier, associé au ciel via les hiéroglyphes, est un outil d’élévation. Autour des symboles qui nous servent de points d’appui, nous démultiplions nos connaissances afin de sortir de terre les pierres de notre temple intérieur afin de nous élever davantage.
Mais regardons au-delà encore dans les infinis détails qui s’attachent à l’exercice du levier. Le point d’impact est au plus proche du point d’appui et la pression doit s’en faire le plus loin possible. N’y pourrait-on voir là dedans la nécessité dans l’étude d’aller au plus près de son sujet tout en s’en détachant suffisamment pour avoir une vision d’ensemble ?
La nécessité d’avoir le levier le plus dur et le plus long possible, qui au-delà de la métaphore phallique démontre que le cheminement dans la connaissance doit être à la fois long et à toute épreuve pour pouvoir élever d’autant plus fort. Le levier est un principe de patience. Le bâton, aussi symbole des mages dépeints comme des anciens érudits le montre bien. Il faut parfois énormément de patience dans l’exercice du levier pour que le résultat apparaisse. Merlin n’a t-il pas éduqué Arthur jeune pour en faire un grand Roi adulte ?
Un autre détail du levier a aussi son importance. Le sens des forces. Car pour élever d’un côté, il faut abaisser dans l’autre. L’on voit aussi que pour élever, il faut se rapprocher de la terre, faire preuve d’humilité. Et l’on arrive ici au point crucial du levier. Car au-delà de la patience et de l’humilité requise dans son utilisation, le levier, inerte, n’a pas en lui même de polarisation bien/mal. Le levier est ce que l’on en fait. Dans tous les cas la pierre sortira du sol, mais la pierre peut aussi dès lors aller rouler et devenir objet de chaos. Le levier est un outil avec un point de non-retour.
Et toute cette réflexion m’amène à poser les questions qui se doivent sur ma propre existence. Où suis-je dans le levier ? Celui qui agit ? Celui qui reçoit ? Celui qui sert de point d’appui ?
Un peu de tout je devrais dire. A travers mon voyage vous tous mes SS:. et FF:. faites levier sur moi afin que je m’élève. Je fais levier sur ceux qui me sont chers en leur portant amour et assistance du mieux que je peux. Et quelques fois je sers de point d’appui à la réflexion de certains en soutenant leur connaissances pour qu’ils s’en servent de levier.
Mais cela est normal. C’est la vie. Ce qui est moins normal c’est de ne pas utiliser le levier comme il faut.
Certains de mes désirs inassouvis, tels que fonder une famille, sont comme pour moi des rochers trop durs à déplacer. Ou des rochers m’amenant à des situations chaotiques qui me déchirent et me coupent certains liens. Or le levier m’a bien appris une chose, c’est que rien n’est impossible.
Avec le bon levier tout est réalisable, et de manière juste.
Je n’ai pas ce que je veux ? Je n’ai qu’à comprendre pourquoi ! Soit le temps me manque soit les connaissances, soit l’objectif n’est pas le bon. Et jusqu’à présent il m’était extrêmement dur de me dire que certains de mes choix étaient les mauvais ou qu’il me fallait plus de temps. Ce travail m’a permis de revoir l’intégralité des pierres que j’essayais de soulever et de revoir mes choix. J’ai changé ma façon d’agir au travail pour m’y sentir mieux. J’ai appris à me réapproprier mon corps qui m’a sonné l’alarme à travers la maladie. Je me suis fixé des objectifs familiaux réalisables pour certains et pour les autres je me dis que le temps fera son office. Je me suis rendu compte que je n’avais pas la patience que je croyais avoir et cela fut un choc immense, une remise en question qui m’a secoué.
Mais après tout cela est bien normal, parce que l’anagramme de LEVIER n’est-il pas REVEIL ?