Dualité

Dualité : qui se réfère au chiffre deux. Somme numérologique : 9, soit 3 à la puissance 2. Et quand on sait que le trois est la dualité plus un agent équilibrant, on obtient une dualité équilibrée multipliée par elle-même. La dualité est un donc à priori un concept fort, récursif, et lié à l’équilibre.

Et cette notion d’équilibre est naturelle quand on regarde la construction de l’univers. Partons de la balance. Ses deux plateaux, dans un état de repos, sont à l’équilibre. Et de par le principe d’entropie il en va de même pour beaucoup de choses. Les molécules ont autant de charges positives que négatives, il y a le jour et la nuit, le chaud/le froid, la vie/la mort. Et tout sans véritable rupture entre chaque individu de chaque dualité. Entre les charges positives et négatives il y a un flux, qu’il soit électrique, de chaleur, de mouvement.
On voit aussi cet équilibre au sein même du temple. Tout comme les lacs d’amour représentant le masculin et le féminin liés de manière continu, le monde physique et le monde spirituel sont mélangés sans frontière.

Et il n’y aura que l’humain pour casser cet équilibre dans la notion de dualité et en faire parfois quelque chose de négatif. A croire que certains humains ont d’abord besoin de se donner des limites fixes et figées pour pouvoir appréhender son monde et y vivre. Pour se rassurer devant l’infini de ce qu’il ne comprend pas.

En pesant avec ses idées sur un plateau de la balance, l’humain a rompu l’équilibre. Un plateau s’enfonce et devient néfaste pendant que l’autre monte et devient supérieur, la voie à suivre d’office.

On en voit des exemples dans diverses structures :

La construction hiérarchique a séparé les faibles et les forts.

La construction sociale a séparé les hommes et les femmes.

Le dogme religieux a martelé la séparation du bien et du mal, du paradis et de l’enfer pour apeurer et contrôler le peuple.

La philosophie des Lumières en a remis une couche en séparant le matériel du spirituel.

Les idées socioculturelles et marketing de notre époque nous scindent encore plus en groupe et en communauté imperméables. Nous le voyons avec le racisme, le sexisme, ce besoin de mettre en avant la zététique par rapport au spirituel, la victoire des prouesses physiques sur les capacités intellectuelles.

A croire que derrière tout ça il y a une idée de contrôle du peuple et de contrôle du monde. Si on ne s’interroge pas sur ces dualités, on ne comprend pas l’autre et on reste à sa place. Mais il existe pourtant un confort dans l’ignorance, à ne pas remettre en doute les convictions et à creuser les dualités, quitte à créer la pire des dualités : ne pas être celui que l’on est pour se conformer au groupe.

Pourtant certaines philosophies résistent encore et toujours à l’envahisseur. C’est notamment le cas des philosophies orientales dont le yin yang est le plus fameux ambassadeur : la dualité est perméable. Le blanc contient le noir et inversement.

Les égyptiens aussi avaient largement compris l’importance de l’unification du deux. L’Egypte est le pays des deux terres et un outil grammatical spécifique existait pour les concepts allant par paire : ny ou ty (suivant le genre).

Notre loge, Sekhmet est sous le signe de la dualité aussi. Sekhmet est le pendant de Bastet.

Donc en ce lieu sacré où la dualité des mondes physiques et spirituels est abolie, nous devons faire honneur aux égyptiens et déconstruire nos dualités héritées du monde profane, souvent ancrées sans le vouloir en chacun de nous.

Ici nous apprenons à libérer nos propres conflits et à parler avec notre coeur.

Depuis mon initiation, je me suis rendu compte que je ne le pouvais pas. 

Pourquoi fais-je ceci ?

Dès que j’ouvre mon coeur, je ressens la peur. Peur du ridicule, peur de l’abandon, peur de ne pas être accepté.

Lors d’une précédente version de cette même planche, le terme d’abandon avait suscité en moi un rejet de mes pensées. Automatiquement j’ai dévié de mon travail philosophique pour continuer sur des platitudes sans âme.

Mais là est ma plus grosse erreur. Je me suis rendu compte que je me mentais à moi-même.

S’il y a bien une clé de mon travail d’apprenti qui résonne régulièrement en moi c’est VITRIOL : Visite l’intérieur de la Terre et en rectifiant tu découvriras la Pierre Cachée. J’en découvre maintenant un nouveau sens.

Car effectivement il a fallu que je visite l’intérieur de la Terre pour comprendre. Pour trouver les racines de mon mal. Et qui dit racine dit famille, enfance.

Ma mère, vivant seule et travaillant à des heures difficiles, m’a laissé en garde chez ma grand-mère, qui m’a nourri et éduqué. Cette même grand-mère qui était une matriarche et qui a maintenu sous son toit mon oncle pendant de nombreuses années, et sous sa coupe le reste de la famille.

Ma grand mère est donc devenu une figure maternelle et ma mère une figure floue, sans véritable relation mère-fils. Je reconnais avec le recul que ma mère a fait ça par amour pour me donner un cadre de vie agréable et aussi sous la contrainte de ma grand-mère. Mais cela a faussé la donne et quand elle m’a récupéré durant mon adolescence, nous ne savions pas vivre ensemble. Et ne l’avons jamais su.

De plus ma famille s’est toujours comportée sous le signe du paraître. Il faut présenter, avoir le bon protocole, être sage, ne rien dire. J’ai donc été éduqué dans une voie où l’on ne dit rien, on ne montre pas les sentiments. Et le seul sentiment qui transparaissait était une colère explosive, un trop plein d’émotions. Au point que l’on a nommé ce comportement dans notre famille. Être colérique chez nous, ça a un nom. Le nom de ceux qui nous ont légué ce comportement. Un héritage.

Voici donc mes racines : un sentiment d’abandon et une colère intérieure alimentée par un fonctionnement familial. Et pour le reste j’ai été tellement protégé de tout qu’au final toute mon enfance s’est passée dans un brouillard terne, poussé sur un rail où je n’avais pas à réfléchir. On m’a orienté dans mes études en me fermant des portes qui me fascinaient, on m’a poussé hors de la maison. Je n’ai jamais été mis en danger. Je ne suis jamais allé contre le courant familial pour ne pas subir cette ire qui était devenue chez moi une réponse normale. File droit ou tu en subiras les conséquences.

Et j’ai moi même continué à reproduire ce schéma, à intérioriser et à ne m’exprimer qu’à travers la colère, plus encore envers celles qui pourraient me rappeler ma mère, étant encore moins apte à accepter la discussion face à l’image de celle qui m’avait abandonné.

Et en parallèle j’ai toujours cherché une famille d’accueil dans tout ce que j’ai fait. Amis, emploi, mon monde est fait de cellules familiales qui ne durent que jusqu’à ce que j’explose à nouveau et aille ailleurs, me renfermant un peu plus.

Au final ma famille m’a éduqué, mais jamais ne m’a élevé. Notre comportement, cet héritage de la colère ne nous amène pas à essayer de rectifier pour devenir ce que nous voulons et devons être.

Il aura fallu que mon père, qui n’a pas pu lutter non plus contre cet héritage du côté de ma mère, quitte cette vie pour que je me remette en question et que j’accepte de rejoindre une famille qui me donne les moyens de m’élever, la F:.M:..

Car je me dois de rectifier tout cet héritage biologique en moi, dans ces racines sous la terre afin de polir ma pierre brute, de me transmuter et de révéler ma lumière.

Si les sentiments sont un fleuve, je ne dois plus être un barrage qui de temps en temps a des fuites et relâche la pression. Je dois être naturel et laisser le flux se dérouler à son rythme.

J’ai mis ce masque d’ours trop longtemps et cela surprend les gens quand ils voient la personne sensible et ouverte qu’il y a derrière. Il est temps de supprimer cette dualité en moi et d’affronter le monde en me disant que personne ne m’abandonnera si je montre qui je suis. Si je m’accepte pour ce que je suis vraiment, alors qui pourra m’arrêter sur mon chemin spirituel ?

Et pour en être arrivé dans mon chemin de pensée jusqu’ici je dois remercier pas mal de monde. Toute cette loge à vrai dire. Car chacun, à divers degrés et avec plus ou moins d’acharnement m’a tendu une main, m’a ouvert une voie jusqu’à ce que je trouve en moi la clé pour y parvenir. Comme le résume très bien mon F:.F:. J-D, il faut savoir poser les valises qui ne nous appartiennent pas.

Car voila le premier vrai travail de l’apprenti : comprendre les premières clés qu’on lui offre pour pouvoir mieux se connaître, rediscuter avec soi-même, se pardonner, s’aimer et se révéler. Comment sinon pouvoir appréhender le reste de ses travaux si l’apprenti n’est pas déjà au calme en lui-même et avec l’univers ?

Et c’est en cela que je suis aussi attristé. Ce travail qui me semble essentiel, obligatoire, n’est pas une réalité pour tous les F:.M:. Nous l’avons vu dans d’autres cercles. Des F:.F:. et des S:.S:. qui ne sont pourtant plus apprentis depuis longtemps et qui sont toujours dans la dualité. Toujours à porter un masque et à cacher un déséquilibre en eux. Et nous en avons vu les conséquences désastreuses, plus destructrices que productives. Et cela m’attriste au plus haut point.

Car c’est pourtant grâce à ce travail que je peux faire grâce à la F:.M:. que je peux dire aujourd’hui devant vous que pour la première fois de ma vie, l’ancienne comme la nouvelle : je suis.