JAKIN

Apres avoir renoncé à mon ancien être dans le cabinet de réflexions et embrassé la lumière de l’Initiation, j’ai appris comme chacun d’entre nous les signes secrets de reconnaissance utilisés pour confirmer ce que parfois les yeux et l’âme savent déjà, que l’on parle à un authentique maçon.

Parmi ces signes, un mot a retenu mon attention. Tour à tour, les deux maçons donnent une lettre de ce mot pour enfin le compléter et l’annoncer dans son intégralité, à voix haute. Cette curiosité et l’attrait de ce mot ont fait que me voici à en parler aujourd’hui. Car dans le choix de sujets qui a été évoqué pour notre groupe d’apprentis j’ai intimement su que Jakin allait me tomber dessus.

Mais pourquoi, pourquoi ce mot résonne t’il en moi? Qu’a t’il à m’apporter sur mon chemin ? Découvrons-le ensemble, tant dans les racines mythologiques que dans le cheminement pris et les conclusions qui s’ouvrent à moi, à nous.

Jakin tire donc son origine du premier livre des rois.  Salomon fit intervenir Hiram de Tyr durant la construction de la maison à bâtir au nom du Seigneur. Hiram créa donc deux colonnes. Du livre des Rois nous viennent des détails extrêmement précis qui ne sont pas sans nous rappeler des symboles connus des Maçons. Les colonnes sont en bronze, ou airain, métal sacré. Leur circonférence est une corde de douze coudées (ou douze noeuds) et leur hauteur dix-huit, multiple de douze, sans oublier le fil à plomb qui a du intervenir dans l’élévation rectiligne des ces piliers. Les chapiteaux sont haut de cinq coudées, chiffre de l’homme et de l’équilibre, chiffre du milieu. Des entrelacs, les noeuds de l’union, ornent les chapiteaux, au nombre sacré de sept chacun.

Et les deux colonnes furent dressées devant le vestibule de la Grande Salle. Celle de droite fut nommée JAKIN, qui signifie “il rend stable” et celle de gauche BOAZ, qui signifie “en lui la force” (traduction officielle liturgique).

Ces deux colonnes sont la métaphore de la porte, du seuil à franchir pour rentrer dans le Temple et en contempler tous les secrets. Ce seuil constitué de symboles sacrés et de principes pythagoriciens. C’est la porte du temple maçonnique. La profusion des détails ne ment pas, le texte cache à peine ce qui doit être compris.

Et c’est pour cela que nous retrouvons ici même, derrière moi à l’occident, ces deux colonnes dans un ordre contraire, en miroir. Jakin est à gauche, Boaz est à droite. Car nous avons franchi ce seuil, nous sommes à l’intérieur du Temple et de notre temple intérieur. Et comme je l’ai dit, je suis sorti de mes ténèbres pour embrasser la lumière et la suite logique en est de franchir ce seuil.

Ma réflexion aurait pu s’en arrêter là. J’ai analysé le texte, je sais d’où viennent les colonnes et pourquoi il semble logique que JAKIN soit un mot de reconnaissance. Celui qui a franchi le seuil, le JAKIN, se rend stable. Mieux, voyant désormais les colonnes JAKIN à gauche et BOAZ à droite, il peut enfin lire “il rend stable la force en lui”.

Mais je sentais au fond de moi qu’une couche supplémentaire me manquait. Une planche précedente d’un de mes FF.: m’a appris que la lecture numérologique peut être une méthode de décryptage. Nous avons donc longuement conversé et par ce biais une nouvelle vision s’est présentée à moi.

Pourquoi signer les colonnes J et B, avec uniquement ces lettres ? Parce que J représente 1 et que B représente 2.

Voila la pierre qui manquait à mon édifice: l’union.

Ces deux colonnes sont un travail d’union. Car la somme des deux premiers nombres fait 3, chiffre de la stabilité, du triangle, symbolique maçonnique par excellence.

Les colonnes sont de bronze, alliage de deux matériaux.

Salomon s’est uni à Hiram, et c’est à deux que ce temple fut pensé.

Et c’est l’union des deux colonnes qui fait la phrase complète “il établit la force en lui”.

Et c’est à deux que le mot de passe est donné. Chacun une lettre, par alternance, l’un les voyelles, l’autre les consonnes.

Voila la dernière symbolique qui me manquait et m’a sauté au visage. JAKIN n’est complet que quand deux maçons ensemble, unis, le réunissent. Les voyelles ou les consonnes seules ne peuvent faire le verbe. Le Verbe se crée à deux.

J’ai compris ce que cette planche représentait pour moi en parlant à l’un de mes FF.: qui en m’apportant sa vision sur un sujet annexe a débloqué quelque chose en moi. Il faut l’union du 1 et du 2 pour réaliser le 3 qui sera stable. Seul je n’ai pu rien faire et c’est dans l’union que je l’ai appris.

Car toujours par deux ils vont et ne peuvent exister l’un sans l’autre :

  • le maître et l’apprenti
  • mon être passé et mon être futur
  • le masculin et le féminin
  • le jeune et le vieux
  • le sage et l’idiot
  • le réfléchi et l’impulsif
  • la lumière et les ténèbres
  • la cartésien et le spirituel
  • le 1er et le 2nd surveillant
  • JAKIN et BOAZ

Différents mais indissociables car c’est de l’union et de la confrontation des idées et des expériences que naîtra la stabilité, et non du repli et de la sclérose. Et donc, pour embrasser ma lumière, pour être complet et stable, je sais maintenant que je dois le faire dans l’union avec moi-même, puis avec mes SS.: et mes FF.: