Le Cabinet de réflexions

Cette salle aux abords sombres et mystérieuse est le premier véritable contact que le profane souhaitant devenir initié aura avec les symboles de la F.M. et de notre rituel.

Il devra y faire preuve de patience d’une part mais aussi de réflexion d’autre part, comme son nom l’indique. Réflexion à double titre car c’est en ce lieu de la plus haute importance que le profane va réfléchir à la vie qu’il va laisser. Et donc se confronter à sa propre image, réfléchie dans le cabinet.

Le cabinet est un lieu où l’être est seul face à lui-même. Débarassé de ses métaux il est déconnecté du monde profane. On lui montre une peinture baroque, une nature morte dans laquelle le peintre a mis tous les symboles nécessaires.

L’oeuvre picturale qu’est la nature morte est une démonstration de la vanité de la vie, un rappel que celle-ci est vouée à disparaître. Et donc ici l’esthétique est tout d’abord le premier des symboles qui aborde nos sens.

Et qui a abordé mes sens devrais-je dire. Car cette cave m’a tout d’abord émerveillé.

Mais dis moi donc ô mon bon miroir, quelles sont les clés que tu laisses au profane ?

Le rituel le dit lui même, “Tout le symbolisme du Cabinet de réflexion se rapporte à l’Hermétisme. Il s’agit de la première phase du Grand Oeuvre : celle de la Putréfaction”.

Mais les divers éléments sont bien plus que symboles de Putréfaction, de simple dissolution d’un être, ils sont synonymes de changement.

  • Le crâne est l’allégorie de la mort, une transformation qui fait partie du cycle de la vie
  • VITRIOL est en corrélation avec la pierre alchimique, la pierre philosophale, permettant la transmutation,
  • Le pain est lui même la transformation des 4 éléments : les céréales terrestres mélangées à l’eau, l’air qui lève la pâte et le feu qui cuit. Et si le travail est fait avec amour, nous pourrions rajouter le 5e élément. Et la transformation du temps transforme le pain en pain rassis.
  • L’eau est l’élément fondateur, la source de tout, mais aussi l’allégorie du passage : le fleuve délimite 2 côtés, tel le Styx.
  • Le Coq est l’élément annonciateur de l’aube, oiseau solaire. Il prévient d’une nouvelle journée en devenir. Nous sommes le matin, la journée démarre, il faut se préparer avant qu’il ne soit midi, l’heure de travailler.

Le thème est donc posé : le profane qui vient ici doit se transformer, laisser son ancienne enveloppe.

Et c’est en cela que le cabinet amène aussi son détail le plus important : Il est sombre.

Le cabinet est l’intérieur de la terre. Mais aussi l’intérieur de nous même, nous sommes enfants de la terre et retournerons à elle.

Nous voyons le monde par nos propres yeux de profanes en rentrant dans le cabinet.

C’est en cela que je crois que la plus grande force du cabinet est de nous ramener à l’instant de notre naissance. Au-delà des symboles présents ici pour stimuler notre intellect, c’est l’ambiance qui domine. Ce lieu sombre, d’où l’on entend les bruits extérieurs de manière étouffée. Nous y sommes tels des enfants prêts à naître. Nous cherchons la lumière qui viendra à l’extérieur et nous en sortons avec une corde comme cordon ombilical avant d’être amenés enfin à la lumière de la vie.

Ce cabinet est une matrice dans lequel le profane tel un oeuf va se métamorphoser pour devenir un nouvel être. En son sein nous sommes tous égaux mais commençons déjà à nous différencier.

Il est ma mère maçonnique et m’a mis au monde et en cela il mérite mon respect. C’est dans ce cabinet que j’ai pu me retrouver face à moi-même, face à mes choix précedents, face à ma vie de profane. Je m’y suis immédiatement senti à l’aise, déconnecté d’un monde tourmenté, entendant ces voix, ces chants et ces rires ettoufés provenant du temple tels des appels vers la joie de la fraternité. Pour moi le cabinet n’est pas un lieu sombre et menaçant, il est un sanctuaire hors du temps. Dans ces conditions j’ai pu coucher sur papier mon testament, me recueillir et faire une ultime fois le deuil de mon ancien ego.

J’ai en effet de suite accueilli cette salle comme une amie. Ce clair-obscur m’a ramené en enfance, quand je jouais avec des couvertures à me créer des grottes impénétrables. Je m’y suis senti à l’aise et au calme, dans un état quasi méditatif. Ses symboles ont attisé ma curiosité. J’ai jalousé ces rires que j’entendais à travers le mur car moi aussi je voulais participer à cette fraternité. Et une fois mon testament fini, un sentiment d’impatience est apparu. Je me suis senti prêt à affronter l’initiation, prêt à en découdre et à affronter les épreuves. J’étais tel un boxeur dans le vestiaire avant un match. Plein d’une énergie nouvelle, d’une envie encore plus forte, d’une quasi euphorie, un large sourire sur mon visage. Les derniers doutes que j’aurais pu avoir se sont effacés en enterrant l’ancien moi sur ces quelques feuilles de papier.

Mon nouvel ego est né le jour où je suis sorti, je suis désormais un enfant dans un monde nouveau. A mon tour de grandir sous la Lumière et de permettre de continuer le cycle de la vie en permettant aussi à d’autre de connaître cette joie.