L’Acacia

T.*. R.*. M.*. et vous tous, mes VV.*. FF.*. et VV.*. SS.*. en vos degrés et qualités.

Tout d’abord, le mot Acacia viendrait du grec « akis » signifiant pointe ou épine. On le retrouve plus communément sous la forme de mimosa, de cassier ou encore de tamarin. Cependant, il existe un faux acacia appelé le robinier, et il porte bien souvent à confusion. Cet arbre est un symbole cher à la franc-maçonnerie, mais il n’est pas le seul arbre symbolique.

En effet, l’arbre est le fondement  de nombreux messages cachés comme l’arbre de Vie qui représente la splendeur et la force de la création et l’importance de nos racines, ainsi que le point spirituel de l’équilibre entre le microcosme et le macrocosme. Il y a également l’arbre de la Connaissance, représentant l’association du bien et du mal, et dont le fruit défendu fut à l’origine du péché originel selon la Bible. Mais encore, dans le Bouddhisme, le Bouddha aurait reçu l’illumination sous un arbre appelé Bodhimanda. Et enfin, c’est grâce au buisson ardent que Moïse put entendre la voix de Dieu, ou pourrions-nous dire celle de YHWH…

Au vues de ces multiples présences, l’arbre est doté d’un grand symbolisme et c’est pourquoi il a bien évidemment sa place dans la Franc-Maçonnerie. Mais alors, il serait fondamental de se demander : pourquoi l’Acacia ?

Dans un premier temps, le bois d’acacia fut utilisé pour former la couronne d’épines portée par le Christ dans sa passion, puis l’Autel des holocaustes, et l’arche de Noé, mais il fut également utilisé par les enfants d’Israël, les hébreux, dans la construction du tabernacle de Moïse, ainsi que pour la création de l’arche d’Alliance, coffre fait de matières nobles comme l’acacia et l’or contenant les Tables de la Loi que Moïse reçut sur le mont Sinaï. C’est un dénommé Betsalel (Betsal-el en hébreu signifierait « à l’ombre de Dieu ») qui reçut de Moïse l’instruction pour réaliser cette arche, qui est considérée comme la résidence divine (celle de YHWH) sur terre, et qui fut placée dans le saint des saints, partie centrale du Temple de Salomon.

Autrement dit, notre Naos correspondrait alors au symbole de cette Arche d’alliance, et c’est pourquoi il unit le visible et l’invisible, et il nous relie énergétiquement au ciel et à ce qui est divin. L’Acacia symbolise ce fluide qui est partout simultanément à l’extérieur et à l’intérieur des choses, sans que rien ne l’affecte jamais ; cette énergie impassible, inaltérable, immatérielle relie tout et « réunit ce qui est épars ».

Ensuite, tout franc-maçon, quelle que soit son obédience, découvre l’Acacia lors de son élévation à la maîtrise. En effet, cette cérémonie a pour but de nous faire revivre la mort de Maître Hiram Abiff, artisan bronzer et architecte du Temple du Roi Salomon, enfant d’une veuve de la tribu de Nephtali, l’une des douze tribus d’Israël et descendant du fils de Jacob.

Ce Maître, aux nombreuses vertus et qualités, fut assassiné par trois coups, donnés par les trois mauvais compagnons, symbolisant l’ignorance le fanatisme et l’ambition. Puis, ces derniers mirent le corps en terre et déposèrent sur le tertre fraichement constitué une branche d’acacia. C’est cette dernière qui permit aux Maîtres de retrouver la tombe du défunt architecte, détenteur de la tradition perdue. La connaissance (symbolisée par les maîtres cherchais) dégrossit alors le futur Maître et vient le déterrer de son ignorance et de ses ténèbres pour lui redonne la Vie.

Relevé alors par les « cinq points parfaits », il devra continuer l’œuvre d’Hiram défunt, en pérennisant son action par la construction du Temple détruit. Et c’est pourquoi l’Acacia est la marque essentielle de reconnaissance des Maîtres maçons selon notre rituel. Cet arbuste au bois dur, imputrescible, et aux épines devient le symbole de l’immortalité, et de la renaissance. De ce fait, à chaque élévation, Hiram renait dans l’esprit de ses successeurs et ainsi, la Vie prend sa source dans la Mort, et comme le dotait Antoine Lavoisier « Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ».

Puis on retrouve l’Acacia en Égypte, dans la légendaire mort d’Osiris. En effet, lorsqu’il fut tué par son frère Seth, le corps du dieu assassiné fut lavé par les eaux du Nil et en l’espace d’une nuit, un tamarin surgit de la dépouille. En égyptien, l’Acacia se dit « ished » qui signifie « ce qui donne la félicité », et il était considéré comme l’arbre sacré sur les feuilles duquel le Dieu Thot transcrivait les noms des pharaons pour leur souhaiter une vie longue et prospère.

Que ce soit pour la légende d’Hiram ou celle d’Osiris, l’Acacia symbolise ce qui persiste face à la mort et s’étend après elle. Il est l’espoir et la continuité de l’âme même lorsque l’enveloppe charnelle est abattue.

En plus de ces significations, l’Acacia est aussi un symbole que l’on peut dire solaire. Il peut, combiner à son synonyme de renaissance, devenir le soleil nouveau, à travers l’équinoxe vernal, à la fin de l’hiver pour débuter le printemps. De plus, ses fleurs forment en elles-mêmes des petits soleils et d’une certaine façon, elles sont l’incarnation du Soleil sur Terre. Puis la couronne du Christ, évoquée plus haut, représente elle aussi le soleil avec ses épines qui dessinent les rayons de l’Astre.

Une fois de plus, nous retrouvons l’Acacia chez les égyptiens, qui estimaient que ses feuilles rappellent le lotus de l’héliotrope qui s’ouvrent lors des premiers rayons du Soleil Levant  et qui suivent chaque jour sa course jusqu’à son couché à l’horizon. Cette fonction solaire se met en contraste avec le fait que la Connaissance se trouverait à l’ombre de l’Acacia. De ce fait, « à l’ombre de » (que l’on retrouve plus haut, dans le prénom de Betsal-el), introduit la notion d’Éveil au monde de l’invisible qui, par une métamorphose subtile passant par les ténèbres, devient visible au monde extérieur. Et quand on parle de connaissance, on ne parle pas seulement de savoirs mais de Co-naissance, c’est-à-dire une seconde naissance qui se doit d’exister grâce à ce qui est mort auparavant. On retrouve alors le cycle infini de la Vie vers la Mort et de la Mort vers la Vie.

En représentation pure, l’Acacia est formé de sept feuilles vertes, ce qui n’est pas surprenant puisque le vert est la couleur de l’espoir et le chiffre sept est l’âge symbolique du Maître maçon, qui a atteint l’âge dit « de raison ». Le sept correspond aussi à l’addition du 3, qui est l’unité dans son essence, et du 4, qui est l’unité dans la substance. En numérologie, le 3 représente la communication, tandis que le 4 représente la réalisation et le 3 + le 4 devenant alors le 7 qui est la représentation de la vie intérieure. De plus, Maître Hiram fut retrouvé entre le compas et l’équerre, c’est-à-dire entre le 3 du compas et le 3 de l’équerre, le 7 se tenant au milieu des deux 3, représentant dès lors la perfection centrale.

Pour conclure, l’Acacia est un symbole de triomphe de la Lumière sur les Ténèbres, de la Vie par-delà la Mort, de la Liberté face à l’oppression et de la Connaissance sur l’ignorance. Les épines de l’acacia sont les épreuves continuelles que nous sommes amenés à rencontrer sur notre chemin. Dès lors, le Maître maçon doit garder en mémoire que malgré celles-ci, il ne doit jamais se laisser blesser, atteindre ni arrêter. L’acacia synthétise en lui l’espoir en l’immortalité de l’âme, de la connaissance par le travail et surtout de l’incorruptibilité de la Vérité.

Et enfin, l’Acacia est la représentation de la part de divin qu’il y a en toute, chose et que nous avons en nous-même. Cette étincelle du Créateur, qui parfois semble inexistante, n’est juste par encore visible «  à nos yeux », autrement dit nous en avons pas forcément conscience, mais elle est pourtant quelque part en nous car elle ne connait pas de commencement ni de fin, cette part de divin n’est pas altérée par le temps, qui est une notion typiquement humaine.

Pour ma part, je pense que l’acacia m’est sans doute connu, mais pas encore entièrement, car la recherche de la Connaissance est une quête sans fin, et qu’il me sera dévoilé entièrement lorsqu’il sera l’heure de mon passage à l’Orient Éternel. Alors, ma branche d’acacia fleurira et perdurera par-delà ma mort, au travers de ceux qui me succèderont.

J’ai dit T.*. R.*. M.*.

B.*. B.*. 06/2016