Le Sacré : l’Épée et les armes.

L’épée, du merveilleux à la conscience

Le symbole de l’épée se rattache à des légendes, à des mythes, à la spiritualité… Dans les traditions, l’épée renvoie à une symbolique de la puissance, de la dualité, de la conscience et du combat spirituel. Attribut des dieux, des héros, des seigneurs, des rois ou des chevaliers, l’épée symbolise aussi la justice et la souveraineté. Son aspect dévastateur renvoie à l’oppression, à l’injustice ou aux fléaux. Sur le plan divin, la Parole est Verbe, et l’épée incarne le Verbe et la puissance du Verbe…

L’ÉPÉE CONSACRE LA BRAVOURE GUERRIÈRE OU SPIRITUELLE

L’épée, symbole de l’excellence au combat, évoque la bravoure, la puissance et l’autorité. Mais elle possède une double facette. La puissance meurtrière et destructrice de l’épée peut servir le Mal et la tyrannie comme le Bien et la justice…L’épée, symbole d’élection royale et de vertu guerrière

Appliquée au combat contre l’injustice, la malfaisance, la tyrannie ou encore l’ignorance, l’épée devient un instrument constructif de justice et de paix et un emblème royal… Associée au symbolisme de la Balance, l’épée devient le symbole de la Justice. Elle sépare le bien du mal et frappe le coupable…

L’épée merveilleuse sacre le roi-chevalier… 


L’épée est l’une des armes privilégiées des héros…, parfois même forgée par un forgeron céleste et magicien, comme le dieu grec Héphaïstos ou le dieu romain Vulcain. Parfois, l’épée peut être transmise au héros par des forces surnaturelles, comme une Fée, une magicienne, la Dame du Lac…

Dans les chansons de geste, les épées portent un nom À l’image de saint Georges armé de sa lance et de son épée pour terrasser le dragon, nombre de peintures et de sculptures présentent des héros guerriers armés d’une longue épée. Dans la tradition chrétienne, cette arme chargée de noblesse revient aux chevaliers. les épées portent un nom et sont individualisées. Comme Joyeuse pour l’épée de Charlemagne ou Durandal pour celle de Roland. L’épée Hauteclaire est celle d’Olivier, l’un des héros de la chanson de Roland. On connaît aussi Nothung, l’épée de Siegfried qui tue le dragon dans la mythologie nordique…


Dans le cycle romanesque des Chevaliers de la Table Ronde, Excalibur est le nom donné à l’épée du Roi Arthur. Soit Arthur retire l’épée fichée dans un rocher, soit il la reçoit de la Dame du Lac. Dans leur quête, Perceval et Galaad possèdent également chacun une épée merveilleuse… Dans la légende du Graal, l’épée des chevaliers se trouve en intime relation avec la coupe porteuse de rénovation et de renaissance, symbole également de l’illumination… Excalibur apparaît comme un symbole qui nourrit l’imaginaire romanesque et la création spirituelle…

L’ÉPÉE, PORTEUSE DE LUMIÈRE ET D’INITIATION

L’image du double tranchant de l’épée, comme celle du couple épée et fourreau, symbolise la polarité masculin-féminin. La lame scintillante de l’épée évoque également la lumière de la connaissance ou de l’illumination. Elle renvoie au rayon solaire, tranche l’obscurité de l’ignorance ou libère des forces du mal…
L’épée symbolise encore la lutte intérieure menée par l’être humain. Il s’agit alors d’un combat sur le plan spirituel. Cette lutte avec soi-même implique les efforts que le croyant ou l’initié réalise pour vaincre en lui-même ses faiblesses, ses erreurs, ses illusions… et découvrir le Bien et la Connaissance. Ce travail sur la conscience de soi s’exprime en des termes symboliques dans différentes traditions…

L’épée comme la lance symbolise un combat spirituel…Le tranchant de la conscience Les termes symboliques de La guerre sainte pour le musulman, ou encore la libération de l’ignorance dans l’éthique bouddhiste ou la sagesse hindoue, renvoient à un combat intérieur et spirituel…

Le symbolisme de l’épée se rattache à un combat personnel, psychique ou spirituel.  L’épée symbolise le tranchant de la conscience, qui devrait mener l’être humain à davantage de raison et de sagesse, quelle que soient ses croyances et sa foi…

L’épée de la tyrannie…

Par ailleurs, quand les textes sacrés sont appréhendés de manière littérale le symbole de l’épée (ou de la lance) devient, semble-t-il, et malheureusement, l’instrument du dogmatisme, de la tyrannie et de la domination fanatique, ce qui a conduit aux guerres de religion…

La guerre est une réalité complètement contraire au sens véritablement sacré de la lutte intérieure menée contre ses propres dragons… et certainement pas contre son prochain… De nombreux textes sacrés ou éthiques prônent la fraternité, le respect d’autrui et de la Nature…

Vaincre des monstres…L’arme permet de terrasser et de vaincre les monstres ou les ennemis redoutables…,  comme Persée qui tranche la tête de la Gorgone. Mais l’arme peut également être utilisée pour servir des ambitions de domination et de tyrannie.

Si l’arme — épée, lance, hache, arc, flèche… — symbolise un instrument de justice et de libération, elle symbolise en même temps un instrument d’oppression et d’asservissement…

L’épée au sens noble et initiatique du terme symbolise la Conscience et la Connaissance spirituelle, métaphysique ou philosophique… L’épée renvoie au travail sur soi, au dépassement de soi et au «  Connais-toi toi-même attribué et tu connaîtras l’univers et les Dieux »  cette citation attribuée à Socrate est inscrite à l’entrée du temple de Delphes.

Associée au sens de l’analyse et à la raison, l’épée sépare le bon grain de l’ivraie, ce  qui est mauvais de ce qui est bon. Ou bien encore l’épée sépare les différentes parties d’un tout, dans un effort de compréhension analytique. Suivra ensuite un travail de réintégration des parties en une totalité.

L’épée symbolise une intelligence claire, L’épée évoque une pensée discriminatoire et spéculative fondée sur l’acuité intellectuelle et analytique. L’épée symbolise la faculté de discernement et la clarté d’une l’intelligence aiguisée. Sur le plan spirituel, il s’agit des facultés acquises pour obtenir une conscience claire et intuitive. L’épée représente aussi la parfaite maîtrise d’un savoir-faire ou d’une science. Ou encore, elle renvoie à l’excellence de l’éloquence. Mais la parole comme les mots possèdent aussi un double tranchant…

L’ÉPÉE DE LA LICORNE…

Plantée au milieu du front, telle un rayon solaire ou une flèche spirituelle, la corne de la licorne symbolise parfois l’épée de Dieu, la révélation ou l’illumination ou encore la pénétration du divin dans la matière. La puissance spirituelle de la licorne…

Dans l’iconographie chrétienne, la licorne évoque la Vierge fécondée par l’Esprit-saint et suggère l’incarnation du Verbe divin dans le sein de Marie… De nombreuses images médiévales associe les licornes à la virginité de jeunes filles, qui seules peuvent les approcher…Le symbolisme de la licorne sublime et transcende la sexualité, transmutée en puissance spirituelle. C’est aussi une image des principes contraires et complémentaires, féminins et masculins, réunis en une même intégrité…

Une corne spiralée…
Comme l’épée, la corne unique de la licorne renvoie encore au principe de différenciation qui permet de distinguer le faux du Vrai, le fourbe du Juste, l’illusion de la Vérité… de séparer Le bon grain et l’ivraie

Par ailleurs, dans beaucoup de représentations, la corne de la licorne est torsadée et spiralée… Comme le Fulmen de Zeus-Jupiter, l’épée de la Licorne symbolise une puissance céleste…

L’ÉPÉE, L’EAU ET LE FEU

Le mariage du feu et de l’eau. L’idée d’une union des contraires se rattache à divers rituels liés à la fabrication de l’épée et au travail de la métallurgie qui repose sur la maîtrise de l’Eau et du Feu… Parfois, les épées sont fondues par deux, parfois, ce peut être un couple, comme le forgeron et son épouse, qui œuvre à des opérations assimilées rituellement à un mariage.

Dans l’iconographie symbolique, on rencontre aussi une épée aux lignes ondulantes. Cette image rappelle le thème des deux serpents enroulés autour du bâton ou du caducée d’Hermès ou de Mercure, un symbole d’union des contraires.

La symbolique alchimique. Forger les épées est ouvrage d’initiés. Leur fabrication par la trempe et l’alliage trouve une correspondance dans l’union alchimique de l’eau et du feu, du féminin et du masculin, du Yin et du Yang… En occident comme en orient, ce labeur est assimilé à la recréation de l’unité primordiale associée à l’idée de totalité ou de perfection.

D’après l’iconographie alchimique occidentale, l’union des opposés et l’épée.

Pour les alchimistes, l’épée des Philosophes constitue le feu du creuset…Pour l’alchimie chinoise, l’œuvre renvoie à l’union des principes Essence et Souffle, signifiés par les trigrammes (caractères chinois) Li et K’an, mercure et souffle et terre et ciel. L’opus alchimique engendre le retour à l’état édénique et l’obtention de l’immortalité…

L’épée, l’eau et le dragon En chine, l’épée assimilée au feu est attirée par l’eau. Dans la tradition chinoise, la trempe de l’épée correspond à un mariage du feu et de l’eau. En Chine, les épées se précipitent elles-mêmes dans l’eau où elles se transforment en dragons brillants…

L’épée plantée peut donner naissance à une source. L’épée c’est aussi l’éclair, associé à la création de la pluie. Chez les Scythes, l’épée à l’origine d’une source est en correspondance avec la pluie venue du Ciel… Dans la tradition japonaise, l’épée sacrée provient de l’éclair, de la queue du Dragon…

Le fourreau et l’épée forment un couple symbolique, féminin-masculin, obscurité-lumière, ignorance-connaissance…

L’éclat de l’épée sacrée japonaise. L’épée du Sadet du Feu émerge du lit du fleuve Mékong (en Asie du Sud-Est)… Chez les Japonais, l’épée sacrée provient de l’éclair, de la queue du Dragon… Le fourreau de l’épée sacrée japonaise du Sadet du Feu représente l’obscurité et l’ignorance.

Cette épée n’est pas retirée de son fourreau par une main profane sans risques. Aveuglement ou brûlures menacent les inconscients. L’éclat ou bien le feu de l’épée ne peut être supporté que par des êtres qualifiés ou initiés…

L’ÉPÉE CÉLESTE ET SOLAIRE

L’épée à double tranchant sort de la bouche du Verbe Le texte de l’Apocalypse présente l’épée à double tranchant sortant de la bouche du Verbe. Cette arme puissante possède à la fois un pouvoir destructeur et créateur. Le visage de l’Apocalypse d’où émerge l’épée est brillante comme le soleil, source de lumière.

Dans la tradition chrétienne, l’épée s’identifie au fragment de la croix de lumière. Les anges qui chassent Adam et Ève du paradis, par exemple, portent des épées de feu. Le glaive symbolise la Parole de Dieu et le Verbe…

L’épée, symbole axial et solaire ;Dans certaines traditions, l’épée peut s’identifier à l’Axe de la Balance, un symbole d’équilibre et d’harmonie cosmique universelle. L’épée peut également être assimilée à l’Axe du Monde, comme dans la symbolique de l’Arbre Sacré, à la fois axe cosmique et Centre du Monde

Comme chez les Scythes de l’Iran ancien, pour qui l’Axe du Monde est représenté par une épée plantée au sommet de la Montagne. En Chine, l’épée impériale renvoie au symbolisme du Centre, le lieu de rencontre de la Terre et du Ciel. L’épée renvoie aussi au Soleil dont le cycle fait le tour de l’univers en un jour cosmique…

L’épée de Feu des Chérubins. Selon Philon d’Alexandrie (Ier siècle apjc, en Égypte), l’épée symbolise le Logos et le Soleil. Dieu chasse Adam et Ève du paradis. Deux chérubins sont munis d’une épée de feu pour garder le chemin qui mène à l’Arbre de Vie.

Ce philosophe imprégné de culture grecque interprète dans les deux chérubins armés le mouvement éternel de l’univers. Il voit également les deux chérubins comme Bonté et Puissance, les deux attributs suprêmes de Dieu. Dans la bible, il est dit que deux chérubins armés d’une épée de feu gardent le chemin vers l’Arbre de Vie… Et l’épée symbolise aussi le Logos et le Soleil… 

L’ÉPÉE LIBÈRE ET SYMBOLISE LA PUISSANCE DE L’ACTION

Comme les épées, les armes en général relèvent de la dualité. L’arme symbolise d’abord la puissance de la Volonté dirigée vers un objectif. Elle est la puissance de l’action, bénéfique ou maléfique, tyrannique ou libératrice

L’épée libère les êtres des liens de l’illusion
En Inde, selon les Veda, l’épée du sacrificateur védique est assimilée à la foudre du dieu de l’Orage Indra. Symbole de pure connaissance, l’épée du dieu Vishnu est une épée flamboyante. L’obscurité de son fourreau renvoie à l’ignorance dont il faut se libérer.

Dans la tradition bouddhiste, l’épée flamboyante symbolise la lutte contre l’ignorance et la conquête de la Connaissance. Et le bodhisattva porte l’épée dans le monde des Asuras, assimilés à des démons…

Dans les traditions de l’Inde ancienne et de l’Extrême-Orient, l’épée délivre des enchevêtrements, des nœuds, des liens de l’Illusion qui entravent les êtres…

Les armes symbolisent parfois des vertus
Sur le plan spirituel, les armes correspondent à des vertus et à des pouvoirs intérieurs. La force de l’Esprit ou d’une divinité, parfois représentée par une arme, consacre la lutte contre les puissances du chaos ou du désordre pour assurer l’Équilibre universel…

Dans la tradition chrétienne, Saint Paul évoque le combat spirituel grâce au symbolisme des armes : Revêtez l’armure de Dieu pour résister aux manœuvres du diable… Tenez-vous debout avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse, et pour chaussures le zèle à propager l’évangile et la paix… Ayez toujours en main le bouclier de la Foi… recevez le casque du Salut et le glaive de l’Esprit, c’est à dire la Parole de Dieu…

Les armes de la mystique chrétienne
L’évocation de Saint Paul trouve sa correspondance dans la symbolique mystique chrétienne du combat spirituel. La ceinture est ainsi associée à la Vérité et à la Charité. La cuirasse représente la Justice et la Pureté.

Les chaussures renvoient à l’humilité et au dévouement apostolique. Le bouclier évoque la Croix et la Foi. Le casque apporte l’Espérance et le Salut. Le glaive symbolise la Parole de Dieu et l’arc la prière agissante au loin…

LES ARMES DES DIEUX ET DES HÉROS

La puissance divine ou héroïque
La lance, l’épée, l’arc et la flèche sont souvent des emblèmes guerriers. Le couteau, le poignard, la dague et l’épieu se rapportent à la symbolique de la chasse. Certaines armes figurent parmi les attributs de la souveraineté et de la puissance royale ou divine…

… comme l’épée, la lance, la masse, la massue, le maillet, le bâton, le fouet. Les divinités célestes suprêmes, héritières des dieux de l’Orage et du Tonnerre, sont souvent pourvues d’une arme – Trident ou Foudre – qui symbolisent la force de l’éclair et de la puissance divine.

Parfois il s’agit d’un filet, d’une corde ou d’un lien, comme pour le Dieu Védique Varuna, qui symbolise une redoutable puissance magique et spirituelle. Le filet évoque le pouvoir de lier ou délier les êtres et les choses…

Le roi légendaire Agamemnon possède une armure d’or et d’argent…

La science de combiner les métaux. Souvent, l’artiste qui forge les armes est considéré comme un magicien et un savant. Certaines armes sont fabriquées grâce à des alliages très complexes à réaliser. La combinaison des métaux exige un savoir-faire hors du commun.

Selon le poète grec Homère l’armure d’Agamemnon allie l’or et l’argent. Ce sont des métaux précieux en correspondance avec le symbolisme du Soleil et de la Lune. Ces deux principes, masculin et féminin, renvoient à l’union des contraires. D’autres métaux précieux habillent la cuirasse,

Les armes et les 4 éléments. Traditionnellement, il existe des correspondances entre les armes et les quatre Éléments, Terre, Air, Eau et Feu. La fronde est associée à l’élément Air, la lance à la Terre, l’épée au Feu et le trident à l’Eau. Dans la symbolique du Tarot de Marseille, le bâton représente le Feu et l’épée l’Air. La coupe symbolise l’Eau et le Denier, la Terre… Le Bâton symbolise une puissance vitale, une énergie créatrice, un jaillissement.

L’épée symbolise le combat contre soi-même, le dépassement, la détermination face aux épreuves.  L’épée symbolise encore l’intelligence claire, la conscience aiguisée, la puissance maîtrisée, la raison, l’initiation qui mène à la compréhension ou à l’illumination spirituelle…

 Approche du symbolisme des épées: les épées dans le matériel de la Loge

Pour se livrer à leurs Travaux rituels, les Francs-maçons réunis en Loge ont besoin, non seulement d’un mobilier spécifique, mais également de divers objets, parmi lesquels on trouve notamment des épées.

Pourquoi ces épées dans la Franc-maçonnerie ?

Que viennent faire ces armes blanches dans nos confréries qui se veulent pourtant affranchies des servitudes du profane ?  Tout est symbole, dit-on. Tout n’est-il que symbole ?

Ce symbole n’en porte pas moins sens. Si tout symbole est libre d’interprétation par chaque Frère, il n’empêche que l’épée porte en elle son pouvoir, sa charge de signification que l’on ne peut nier.

Commençons par évoquer la présence de l’épée dans l’histoire et voyons comment et quand elle est apparue dans la Franc-maçonnerie.

Quelles sont les origines de l’épée ?

A l’origine l’épée est une arme et sert à combattre. C‘est avant tout un symbole militaire. C’est aussi un symbole royal et chevaleresque marquant le pouvoir et la noblesse du personnage. 

L’épée dans les légendes

Quelques légendes sont attachées à l’épée. Dans cette tradition chrétienne, l’épée est une arme de noblesse appartenant aux chevaliers et aux héros. Leurs épées sont personnalisées et portent souvent un nom : « Joyeuse » pour Charlemagne ; « Durandal » pour Roland ; « Nothung » pour Siegfried, et la fameuse « Excalibur » du roi Arthur dans la légende des Chevaliers de la Table Ronde…

… sans oublier l’épée de Perceval (qui ne semble pas avoir de nom et qui apparaît dans le Conte du Graal, cinquième roman de Chrétien de Troyes). La Vierge du Graal, la remet à Perceval. La Dame par sa puissance spirituelle, possède le pouvoir de la ressouder.

L’épée représente la part agissante du chevalier, symbole à la fois de rectitude et d’efficience. A l’épée merveilleuse qui fut donnée à Perceval au château du roi Pêcheur à l’aube de sa quête, alors même qu’il allait se trouver affronté à sa première grande épreuve en présence du cortège du Graal, répond cette autre épée extraordinaire devant laquelle Galaad, l’autre héros de la quête, marquera prudence et respect. 

Dans le domaine des arts, de nombreuses peintures et sculptures représentent de nobles guerriers le bras armé d’une épée tel saint Georges terrassant le dragon.

Rappelons encore la place prépondérante qu’occupe l’épée au cours du Moyen Age dans le cadre des tournois et des croisades. 

Les épées dans l’histoire de la Franc-maçonnerie

L’histoire de l’introduction de l’épée dans certains rituels maçonniques est une excellente illustration du fait que les usages maçonniques ne se comprennent bien souvent qu’en fonction du contexte culturel qui les a vus naître. Et ces contextes, dès le 18ème  siècle, différaient beaucoup de part et d’autre de la Manche.

En Grande-Bretagne, de nos jours encore, l’usage de l’épée est tout simplement prohibé en loge. Elle n’y fait jamais son apparition au cours d’une cérémonie quelconque et aucun Frère n’en porte une, ni à la main, ni au côté.

Pourquoi en est-il ainsi ?

Lorsque la Franc-maçonnerie spéculative a fixé ses usages, au début du 18ème siècle, l’Angleterre sortait de près de 150 ans de guerres civiles, politiques et religieuses, qui avaient ensanglanté le pays. Avec l’établissement de la dynastie de Hanovre et l’échec des tentatives de restauration des Stuarts, le calme pouvait revenir. Les Loges contribuèrent à cet esprit nouveau. On insista sur le fait que les polémiques politiques et religieuses n’y auraient jamais droit de cité… et que l’épée, symbole des luttes fratricides que l’on ne voulait plus revoir, en serait bannie !

Mais lorsque la Franc-maçonnerie franchit la Manche, il en fut tout différemment. En France, la distance sociale entre les nobles et les roturiers se marquait notamment par le port de l’épée, réservée aux nobles – sauf pour les militaires de métier.

Du point de vue historique, l’emploi de l’épée dans les Loges maçonniques date du 18ème siècle, c’est-à-dire dès l’origine de la Maçonnerie spéculative. Cette mesure fut prise en vue d’appliquer dans les loges les principes d’égalité qui exprimaient alors ceux de la liberté.

Dès 1737, on rapporte qu’à Paris, l’usage de l’épée dans la Loge du « Grand Maître » – le jacobite Derwentwater – avait ému les Frères parisiens dont certains s’étaient élevés contre cette « innovation ». C’en était une, assurément, mais elle fut pourtant rapidement adoptée par tous les Maçons français, car ces derniers purent lui donner une sens qui n’aurait pas été acceptable de l’autre côté de la Manche. Du coup, l’épée se chargea de significations nouvelles : ordinairement placée sur l’Évangile qu’on disposait sur le plateau du Vénérable, c’est sur cet ensemble que les candidats prêtaient leur serment. On leur indiquait alors que l’épée sur laquelle reposait leur main était aussi « un symbole de l’honneur ».

Dans les plus anciennes divulgations maçonniques françaises, imprimées à partir de 1744, il était explicitement précisé que, dans le cadre idéal de la Loge, et pour le temps de ses Tenues, tous les Frères devenaient égaux. Mais on fit choix de l’égalité « par le haut ». Tous les Frères étant réputés gentilshommes, tous furent appelés à porter l’épée, qu’ils fussent nobles ou non « à l’extérieur » !

L’épée, rappel d’affrontements civils intolérables en Angleterre, était devenue en France le signe de l’égalité fondamentale de tous les Maçons…

Chacun sait qu’au cours des années qui ont précédé la Révolution Française de 1789, un grand mouvement s’est éveillé en France, sous certains vocables dont les plus prestigieux ont été ceux de Liberté et d’Égalité. Plus tard, en 1848, viendra le mot Fraternité. Or, à cette époque, se trouvaient dans les Loges maçonniques des hommes de toutes origines, de toutes conditions sociales, lesquels se réunissaient sur un pied absolu d’égalité.

C’est ainsi que sous Louis XV, se réunissaient des aristocrates, et même des membres de la famille royale, des prélats, des bourgeois, des militaires, des artisans s’y côtoyaient, tous sans préséance ni distinction de rang.

Pour mieux marquer cette égalité, nos anciens ont eu recours à certains symboles que la Maçonnerie « moderne » a conservés, comme celui du port de l’épée, alors que dans la vie sociale seule la noblesse avait ce droit. C’est la raison pour laquelle, depuis cette époque, mais dans certains rites seulement, les Maîtres Maçons portent dans leurs Travaux et cérémonies cette épée qui était autrefois l’apanage des nobles. Aujourd’hui les Maîtres Maçons sont nobles par le cœur et par l’esprit.

Vers la fin du 18ème siècle, le Rite Écossais Rectifié (R.E.R.), le premier rite à formuler des rituels très précis et circonstanciés, stipulera que si tous les Frères portent l’épée, seuls les Maîtres la « manient ».

Sauf rare exception, nul ne se promenait plus une arme au côté sous la Restauration ! C’est pourquoi au 19ème siècle, la symbolique sociale de l’épée était nettement en recul. Son usage devint de plus en plus limité en Maçonnerie. L’épée ne restera plus que l’apanage de certains Officiers et ne sera utilisée par les Frères que dans des cas très particuliers, par exemple pour former une voûte d’acier (un usage dont l’origine n’est d’ailleurs pas maçonnique mais purement militaire). On les dispensera finalement de la porter en permanence. Mais de nos jours, certaines loges, notamment au R.E.R., ou encore au Rite Français Traditionnel, ont rétabli le port constant de l’épée par tous les Frères.

L’épée au R.E.R.

Le maniement de l’épée en Loge est très codifié par le Rite Écossais Rectifié. Dans ce rite, tous les Frères portent en effet une épée !

Ces épées, appelées « armes » dans le rituel de la cérémonie d’Initiation, sont tournées par les Frères contre le candidat. Elles sont « menaçantes » car elles désignent, d’après le rituel, « les dangers infinis qui environnent l’homme dans sa sombre demeure ». A ce moment de la cérémonie, les épées tenues de la main gauche et pointées vers l’Impétrant, sont associées par le texte du rituel à l’idée de « justice ».

Le Vénérable Maître précise au Récipiendaire :

 « Vous avez aperçu d’abord les épées des Frères tournées contre vous, parce que l’Ordre ne s’était pas encore assuré de vos véritables dispositions. Vous voyez à présent les mêmes armes tirées pour votre défense, afin de vous convaincre que jamais l’Ordre ne vous abandonnera, Si vous conservez inviolablement l’amour de la Vertu, de la Sagesse et de vos Frères. »

Posée sur la Bible pendant toute la durée des Travaux, l’épée du Vénérable Maitre symbolise le pouvoir qui lui est confié, lequel étant fondé sur la Loi, sert de base aux Travaux des Frères.

L’Épée en Franc-maçonnerie

Il est bon de rappeler ce que les Loges ont fait des épées, qui sont maniées par le Vénérable Maître, l’Expert et le Couvreur. Ces deux derniers officiers tirent leur fonction de l’épée du Vénérable Maître : l’Expert utilise son épée pour la mise en œuvre des rituels et veiller à leur bon déroulement, et le Couvreur s’en sert pour protéger le Temple intérieurement et extérieurement.

Je tenterai d’examiner successivement :

L’Épée flamboyante du Vénérable Maitre

L’épée traditionnelle à lame droite

L’Épée du Frère Expert 

L’Épée du Frère Couvreur

L’Épée traditionnelle à lame droite

L’Epée de justice

L’Épée flamboyante

L’Épée flamboyante, c’est l’épée du Vénérable Maître en chaire.

Description :  * Approche du symbolisme des épées

Cette épée est constituée d’une lame sinusoïdale qui représente le mouvement ondulatoire de la flamme intérieure qui doit exister dans le tréfonds du cœur de chaque Maçon.

Cette Épée flamboyante a deux significations principales : celle de la création et celle de la purification. 

En Franc-maçonnerie, l’Épée flamboyante sert principalement à la consécration de tout Récipiendaire. Cette épée n’est pas une arme mais un instrument de transmission. L’épée est tenue de la main gauche et le maillet en main droite, formant ainsi un symbole binaire féminin masculin.

Sa forme sinusoïdale à double tranchant peut être assimilée au caducée et sa forme ondulatoire rappelle le mouvement de la flamme ou du serpent symbole du savoir, de la pensée créatrice, de l’activité.

Le Vénérable Maitre montre au Récipiendaire le feu sacré de la véritable connaissance.

Quelle peut-être son origine ? La Bible dit qu’il s’agit de l’épée des chérubins qui gardent, à l’entrée du jardin d’Eden, le chemin qui mène à l’arbre de vie. On peut lire au chapitre trois de la Genèse, que Dieu chassa l’homme…

« Et plaça à l’orient du jardin d’Eden les chérubins et la lame de l’épée qui tournait çà et là, pour garder le chemin de l’arbre de vie. » (Verset 24)

C’est du jardin d’Eden que nos premiers parents mythiques ont été chassés à coup d’épées tournoyantes par les chérubins qui leur barraient l’accès vers l’orient où se trouve le chemin qui mène à l’arbre de vie.

Ce passage de la Genèse est lourd de sens. Il nous parle des chérubins (de l’akkadien karâbu, prier, bénir).

Les chérubins sont des êtres célestes représentant la puissance créatrice investie de l’autorité divine. De ce fait leur rôle de « videur » du jardin d’Eden est tout à fait indiqué. Les chérubins ont pour mission de garder l’accès à l’arbre de vie, accès qui se situe à l’orient.

Alors, une autre interrogation surgit : pourquoi sont-ils armés de cette épée flamboyante, tournante, et « ondulée » ?

« L’épée qui blesse, nous dit Fulcanelli, la spatule chargée d’appliquer le baume guérisseur, n’est en vérité qu’un seul et même agent doué du double pouvoir de tuer et de ressusciter, de mortifier et de régénérer, de détruire et d’organiser. »

Spatule, en grec, se dit spate ; or, ce mot signifie également glaive, épée, et tire son origine de spao, arracher, extirper, extraire.

Nous voyons là le rapport étroit qui existe avec « l’extraction » de nos premiers parents du jardin d’Eden et l’alchimie que Moise était loin d’ignorer. De ce fait, l’épée flamboyante est le dissolvant alchimique ou feu de roue et aussi feu du ciel ou feu du sel car ayant reçu les ondes célestes, qui se manifestent sous forme de « l’armes blanches ».

« Nous avons donc bien ici, poursuit Fulcanelli, l’indication exacte du sens hermétique fourni par la spatule et l’épée. (Les Demeures philosophales, II, p. 166. 1964)

La réception du Récipiendaire avec l’Épée flamboyante correspond donc à une purification par le feu-eau des vieux maîtres.

L’Épée flamboyante posée sur le plateau du Vénérable Maître n’est chargée d’aucune destination belliqueuse. Rappelant, certes, par sa lame ondulée, l’épée de feu des gardiens angéliques du jardin des délices, elle sert désormais à la transmission d’une influence spirituelle lors de la consécration qui crée, constitue, et reçoit, en qualité d’Apprenti, le Récipiendaire lors des cérémonies d’Initiation. En dehors de cette signification propre de création d’un être nouveau, l’usage qui en est fait  présente  quelque analogie avec celle qui présidait à l’adoubement des chevaliers.

L’Épée du Frère Couvreur

Dans la plupart de nos Loges, sauf au Rite Ecossais Rectifié où cette charge est en réalité remplie par le Frère Second Surveillant, le Frère Couvreur porte, lui aussi, une épée, sans fourreau parce que l’épée du Couvreur doit toujours être tirée et prête pour la défense de son poste.

Dans le Manuel pratique du Vénérable Maître et du Couvreur, il est indiqué que l’épée du Couvreur est spécifique parce qu’elle se compose, pour l’essentiel, d’une lame fine, triangulaire et pointue qui projetée en avant, pique l’intrus mais ne le coupe pas. C’est donc une arme dissuasive, non offensive, de défense et non d’attaque ; à l’image de l’office, lequel ne saurait être rempli par un Maçon vindicatif ou combatif, prêt à guerroyer – notamment si le Couvreur est un ex-Vénérable Maitre.

L’épée que porte le Frère Couvreur participe à ce que l’hermétisme appelle la « réalisation descendante » qui est une tâche humanitaire  immatérielle qui se met au service de nos egos enténébrés à l’image d’une flamme qui s’enfoncerait dans un puits pour l’éclairer, à l’image aussi du Fil à Plomb suspendu dans ce Temple. 

Ancien Vénérable Maître descendu dans la pénombre de l’Occident du Temple, le Frère Couvreur est ainsi à la disposition de l’assemblée des Maçons pour la faire bénéficier de sa lumière initiatique désormais enrichie par son expérience passée. 

Un des aspects de la fonction de Couvreur est de protéger l’Atelier contre l’intrusion éventuelle de profanes. La protection passe aussi par l’épée qui est une arme dissuasive et non offensive, de défense et non d’attaque à l’image de cet office.

L’Épée du Frère Expert au R.E.A.A.

Dans les Loges qui pratiquent le Rite Écossais Ancien Accepté, le Frère Expert possède lui aussi une épée spéciale. C’est un attribut manuel et pectoral.

Le genre d’épée de l’Expert se déduit soit de la forme de l’arme, soit de l’office de ce dernier : lame pointue et courte, large, plate et double fil coupant (du moins en donne-t-elle l’impression de loin !). Cet officier la tient de façon quasi constante même assis, et il ne s’en sépare que rarement, quand il est debout. Il s’agit d’une arme offensive qui tranche.

Le Frère Expert se sépare rarement de son épée spéciale lorsqu’il quitte son siège.

L’Épée traditionnelle à lame droite

Au moment où le bandeau lui est retiré et où tous les Frères sont debout et dirigent leurs épées en main droite vers le Néophyte, le Vénérable Maitre lui dit alors : « Ces épées, que vous voyez tournées vers vous, vous annoncent que tous les Frères voleront à votre secours au moment du danger ; mais elles vous annoncent aussi que, si vous trahissiez votre serment, vous n’échapperiez pas à la vengeance de tous les Frères répandus sur la terre et qui ont juré de punir le parjure. »

L’épée est aussi le moyen dont se sert DIEU pour rendre la justice. Si les hommes ne suivent pas les commandements de DIEU, ils sont menacés de l’Epée. 

Sa signification profonde actuelle et éternelle, c’est le Nouveau Testament qui nous la donne : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée ». (MATHIEU 10 : 34). 

L’épée est la parole divine, c’est le Verbe et elle est le don le plus grand puisque avoir l’épée c’est avoir la Parole de Vie qui est l’instrument de justice. 

Cette lame est tenue traditionnellement par chacun des membres de la Loge non seulement lors de la consécration d’un nouveau Frère, mais à l’occasion de toute cérémonie officielle : réception de Grands Officiers dignitaires, manifestations maçonniques, etc.

Ces épées sont tenues de la main gauche par les membres de la Loge, exception faite à l’Expert qui la tient de la main droite, afin de permettre aux Frères l’accomplissement du Signe d’ordre par la main droite.

L’épée de justice

Souvenez-vous de ce fameux jugement du Roi Salomon menaçant de partager un enfant avec son épée (ROIS 3 : 24) : bel exemple de justice que celui de proposer de couper un enfant en deux afin de départager deux femmes qui se disputent la maternité d’un même enfant. Et celle qui en est réellement la Mère préfère voir son enfant vivre avec une inconnue plutôt que de le voir mourir.

La Justice est généralement représentée par la déesse grecque Thémis, fille d’Ouranos et de Gaïa (le ciel et la terre). En grec, Thémis signifie d’ailleurs « loi divine ». Allégorie de la Justice et du droit, elle est généralement représentée avec une épée à la main, symbole du châtiment, une balance dans l’autre, pour l’équilibre qu’elle maintient, et les yeux bandés en signe d’impartialité.

Pouvoir et symbolique maçonnique

Les épées peuvent-elles être associées au concept de pouvoir ?

Nous avons vu que leur présence remonterait à la Franc-maçonnerie du 18ème siècle. Il devait être de bon ton, alors, pour un noble, de pénétrer en Loge avec son épée. En signe d’égalité maçonnique, les roturiers semblent avoir bénéficié du même privilège.

De nos jours, les épées dirigées vers le « Récipiendaire » lors de la cérémonie d’initiation se veulent d’abord menaçantes et prometteuses de vengeance éventuelle en cas de trahison des secrets révélés. Puis elles deviennent, une fois le candidat devenu « Frère », secourables et garantes de solidarité.

Les épées servent également à constituer les voûtes d’acier qui constituent les marques spéciales d’honneur dont bénéficient les dignitaires pénétrant dans le temple et se dirigeant vers les places d’honneur, ceci n’étant pas sans rappeler certaines pratiques propres à l’institution militaire.

Mais, nous l’avons vu, les épées constituent surtout les attributs de trois officiers dans  la Loge.

L’épée du Frère Couvreur doit permettre à cet humble et vigilant gardien du seuil d’interdire à tout profane l’accès à la Loge. Le Couvreur aurait également le devoir d’arrêter à la porte du Temple toutes préoccupations qui risqueraient de dénaturer la vocation « sacrée » des Travaux.

Quant à l’épée du Frère Expert, elle pourrait disposer d’un certain pouvoir de dissuasion à l’encontre d’un faux-monnayeur de la Maçonnerie lors du « tuilage », sorte de vérification d’identité qui s’effectue soit sur les parvis de la Loge, soit à son entrée.

En Loge, cette  épée devient purement symbolique et perd cette connotation défensive. Elle accompagne les déplacements de l’Expert avec la canne du Maître des cérémonies lors de l’Ouverture et de la Clôture des Travaux. Elle participe d’une sacralisation des Travaux. 

Approche du symbolisme de l’épée

Le symbolisme de l’épée est universel et se retrouve dans toutes les Traditions. L’épée est symboliquement l’instrument de la connaissance et l’arme des combats spirituels.

En Franc-maçonnerie, l’Épée flamboyante représente la création et la purification.
Cette épée est constituée d’une lame sinusoïdale qui représente le mouvement ondulatoire de la flamme intérieure qui doit exister dans le tréfonds du cœur de chaque Maçon. Elle peut être l’esprit et la matière, la vie ou la mort, le bien le mal, l’éclair et la foudre, la force et la sagesse, la création et la destruction, la protection et la punition. Elle protège et met en garde.

Par sa matière et sa fonction, l’épée du Frère Couvreur ne suggère-t-elle pas son propre combat intérieur ? Une chasse sans pitié aux vieux démons cachés dans les replis de son inconscient et qui l’empêchent d’être lui-même tout simplement ? Une guerre spirituelle, mais farouche et sans pitié ; un combat contre l’ignorance, la peur et la souffrance pour atteindre après bien des batailles, la connaissance de soi-même à laquelle il aspire ? Ce combat est sans doute le plus difficile à mener, il ne fait que commencer.

On peut également lui associer un autre symbole. De par sa forme, à lame droite, elle rappelle le Fil à plomb. Et à l’axe vertical de la lame s’ajoute la partie horizontale du manche et voilà réunis à nouveau la verticale et sa perpendiculaire. Du coup une croix remplace l’arme et d’autres pensées peuvent naître.

« Celui qui habite au cœur de nous-même nous invite à relever la tête » (Gen 4/7).

Ne sommes-nous pas invités à la relation ? C’est ici le sens de la perpendiculaire : ne sommes-nous pas conviés à nous ouvrir à l’autre, aux autres, à accepter la main tendue, à accepter d’être aidé ?

L’épée du Couvreur se doit aussi de trancher l’obscurité, pour livrer un passage à la lumière d’orient et lui permettre de s’infiltrer dans le monde profane.

En Inde, l’épée est le symbole de la guerre spirituelle du combat contre l’ignorance pour atteindre la connaissance et la lumière pure.

Pour les chevaliers – de tous ordres – l’épée est le symbole de la noblesse et de l’adoubement initiatique. L’épée symbolise également la droiture de celui qui la porte. 

Symbole de guerre mais aussi de paix, d’injustice mais surtout d’équité, les deux tranchants de l’épée semblent représenter l’Etre humain dans toute sa dualité.

Enfin et pour conclure, l’épée par son aspect double symbolise la dualité de personnalités présentes en chacun de nous, le bien et le mal, ainsi les deux tranchants semblent représenter l’être humain dans toute sa contradiction.

L’épée fut toujours le symbole de la force et de l’attribut essentiel de la reconnaissance en passant de Jeanne d’Arc, aux seigneurs, aux croisés, aux Chevaliers du Temple, aux religieux, aux militaires de la chevalerie jusqu’à nos jours pour les escrimeurs, les élèves de polytechnique et aussi de l’épée l’apparat des membres de l’institut de France (Académie).

Elle symbolise les significations de création, d’initiation, de recréation, celle de la purification ou d’expiation. Elle peut être l’esprit et la matière, la vie ou la mort, le bien, le mal, l’éclair et la foudre, la force et la sagesse, la création et la destruction, la protection et la punition. Elle protège et met en garde.

J’ai dit

J.*. B.*. 04/2020